Les poètes, conteurs, chanteurs, slameurs et autres artistes des scènes ouvertes ont également leur Monsieur Loyal. Il se nomme parfois Kalki, François, Régine, Nanou, Nathalie, Jijey, Jean Marc ou autre et il a la tache d'animer les soirées.
Il faut dire que ce n'est pas toujours simple de canaliser tout ce monde dans la bonne humeur, tout en essayant de ménager les susceptibilités des uns et des autres, et de faire participer tous les inscrits dans un temps contraint. D'où le concept des 3 minutes, avec son sablier, inventé par Kalki.
Lorsque j'étais à Tapuscrits, j'ai vu de tout...
- Celui qui arrivait systématiquement en retard et qui repartait juste après être passé.
- Celui qui prenait soin de fouiller, bruyamment il faut le dire, pendant de longues minutes dans sa sacoche alors que la scène était lancée.
- Celui qui explique la genèse de son texte pendant 5 minutes avant de le lire.
- Celui qui accorde sa guitare pendant les interventions.
- Celui qui enchaîne sur un second texte ignorant ostensiblement la remarque de monsieur Loyal lui demandant d'écourter.
- Celui qui fait long, très long, très très long, interminablement long, bien au-delà de la règle des 3 minutes pourtant implicitement acceptée.
- Ceux qui parlent pendant les interventions.
- Etc.
Je m'efforce toujours d'écouter, même si je suis doublement handicapé. 1 à cause d'acouphènes très bruyants. 2 par mon travers psychologique qui me fait entendre des mots à la place d'autres. C'est à lui que je dois mes jeux de mots.
Ce qui fait que lorsque c'est trop long, je décroche fatalement au bout d'un moment. Vous voudrez bien m'excuser.
Par contre je pense et j'espère avoir toujours eu une vision collective et respectueuse des autres jusqu'à me mettre parfois en retrait lorsque j'étais à Tapuscrits afin de laisser la place aux artistes.
Passé aujourd'hui de l'autre côté du miroir, j'avoue apprécier particulièrement les auteurs et artistes qui ont cette vision respectueuse et cette politesse des autres, leur évitant par là même d'avoir à se retrouver en retrait forcé, car la soirée est terminée...
Par François Milhiet
le 23 juillet 2023
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