Vous avez vu ! Derrière moi ! Le type là, cela fait 7 semaines qu’il me suit, partout où je vais. Dans la rue, dans les magasins, dans le Tram, et même chez moi aux toilettes.
C’est plutôt gênant non ! La dernière fois, j’ai bien essayé de m’y enfermer au plus vite. Rien à faire, lorsque j’ai refermé la porte, il était là à me regarder. Un pervers que je vous dis !
Alors, futé que je suis, j'ai imaginé un stratagème et j’ai changé de régime alimentaire, en mangeant très gras avec beaucoup de chou-fleur, de radis et de flageolets.
L’odeur étaient tellement pestilentielle que les voisins ont appelés l’assainissement, pensant que les égouts étaient bouchés.
Mais mon suiveur lui, il était toujours là et pas gêné le moins du monde.
Mes amis m’ont persuadé d’aller voir un psychiatre car selon eux, je souffrirais de parano. Ils ont tellement insisté, que pour leur faire plaisir j’ai fini par prendre un rendez-vous.
Quand je suis arrivé au cabinet, je me suis installé dans la salle d’attente.
Et au bout de 5 minutes, il est arrivé en disant « au suivant ! ». Moi, je n’ai pas bougé en attendant que ce soit l’autre qui rentre, mais rien à faire, le psy a insisté en me disant « c’est à vous ! ».
Et moi de rétorquer, moi je suis le suivi, pas le suivant ! Le suivant c’est l’autre !
Alors il nous a fait rentrer tous les deux en me disant, je vous précède.
Là, c’est le bouquet, maintenant j’en avais un devant moi et l’autre derrière !
Nous nous sommes donc installés, et s’en est suivi une discussion d’une vingtaine de minutes où je lui ai retracé tout l’historique de mon suivi.
Il a ensuite réfléchi un bon petit moment et m’a dit, « on va mettre en place une surveillance, et vous proposer un accompagnement ».
Et après cela on ose me traiter de parano ! Non non non ! j’ai déjà un accompagnement ! Que j’lui dis.
Et lui de continuer : et pour la bonne poursuite de votre suivi nous allons prendre rendez-vous dans une semaine.
Mais ce n’est pas moi qui poursuis mon suiveur, ne renversez pas les rôles SVP !
Je vais préparer votre ordonnance qu’il me dit.
Ha, je comprends alors si c’est une ordonnance qui me suit partout, c’est que je suis un officier de l’armée. Tout est donc normal, ce n’était donc pas la peine de s’alarmer comme cela.
Votre ordonnance est imaginaire qu'il me répond, il vous suit nulle part.
Oui, mais s'il me suit nulle part, c'est une ordonnance de non-lieu alors je ne suis pas coupable !
Vous allez devoir suivre votre traitement à la lettre qu'il me dit. Du coup, je me transforme en suiveur. Soigner le mal par le mal c'est le principe de l'homéopathie, ce n’est pas si bête !
Mais suivre à la lettre c'est bien, mais laquelle ? Il y en a 26 dans l'alphabet. Suivre un a, un b, un c, defghijklmnop, suivre un Q, ha ouai, suivre un beau petit Q, ça c'est intéressant !
Écoutez qu'il me dit. Vous devriez essayer d'oublier votre suivant. Cela occupe tellement vos pensées que vous en oubliez de vivre votre vie. N'aimeriez-vous pas suivre votre voie ?
Sachant que la vitesse du son est de 340 m/s cela risque d’être compliqué de suivre ma voix non ?
Je voulais dire suivre le courant de votre vie.
Ça va être encore plus compliqué ! le courant c'est 300.000 km seconde !
Maïs ce n'est pas forcément idiot, car si j'arrive à aller plus vite que la lumière, je vais finir par me retrouver derrière mon suiveur !
Merci docteur, j'étais loin d'imaginer trouver une solution à mon problème en me faisant suivre par un psychiatre !
Mais je me pose une question : comment avez-vous fait pour me suivre avant que je vienne vous consulter ?
Comme par hasard !