J’ai toujours pensé que les peuples que l’on qualifie de primitifs avaient beaucoup à nous apporter et à nous apprendre, contrairement à ce que pensent les pourfendeurs de notre civilisation soi-disant avancée et industrielle.
En nouvelle Guinée, il existait un peuple qui se nommait les Pahs (vous chercherez sur Wikipédia). Dans leur langue, Pahs signifiait « ceux qui sont pragmatiques ».
C’était une petite communauté d’environ 300 âmes. Ils vivaient essentiellement du maraîchage et de la chasse. La répartition, maraîchers-chasseurs, se faisait, très pragmatiquement, en fonction de leur taille.
Il faut savoir qu’au début de leur histoire, tous les Pahs partaient chasser. Mais ils se rendirent vite compte que les petits Pahs étaient obligés d’allonger le pas pour ne pas ralentir le groupe alors que dans le même temps les grands Pahs étaient quant à eux obligés de raccourcir le pas.
C’est pourquoi par la suite, seuls les petits Pahs restaient au village et se chargeaient des champs pendant que les grands Pahs partaient en expédition dans la forêt. Nous en gardons aujourd’hui, dans notre langue l’expression « marcher à Pahs de géant ».
C’est pour cette même raison que les petits Pahs (quels que soient leurs sexes) se retrouvaient chargés de l’éducation des enfants et des tâches domestiques. C’est ainsi que l’on put voir des petits Pahs papa faire la cuisine. Et aussi des petites Pahs pas papas, c’est-à-dire des mamans Pahs, aller dans les champs.
Mais pour ce peuple le pragmatisme n’était pas un vain mot. Il était pour eux hors de question de laisser l’éducation des enfants dans les mains d’un petit papa Pah pas sage.
Étrangement, c’est donc seuls les petits papas Phas sages qui s’occupaient d’eux pour leur plus grand plaisir.
Il ne faut pas confondre les Pahs avec les Papous eux aussi originaire de la Nouvelle-Guinée, même s’ils pouvaient interagir en certaines occasions.
Ainsi, un Pah orphelin adopté par un Papou, aurait un papa Papou et non pas un petit papa Pah.
Parfois, les petits papas Pahs et les Papous se rencontraient pour marchander. Ils s’échangeaient des papayes et des patates. Bizarrement, c’est à force de papoter que des Papous et des petits papas Pahs sont devenus potes.
Un jour, un petit papa Pah rencontra une Papoue. Après avoir palabré, papotés, ils allèrent plus loin, se firent des papouilles, papillonnèrent et sautèrent le pas. De cette première histoire entre un petit papa Pah et une Papoue, nous est resté l’expression : « se faire le premier Pah » puis « faire le premier Pah ».
De leur union naquit un petit Pah Papou. Il n’était pas Papou. Il n’était pas Pah. Ce qui ne l’a pas empêché devenu plus grand de devenir lui aussi un papa. Quant à savoir s’il était un petit papa Pah ou un papa Papou, la question n’est toujours pas tranchée.
Si d’autres femmes papoues osèrent « franchir le Pah », là aussi une expression qui nous est restée, leurs expériences n’aboutissaient pas toutes de façon heureuse. D’où l’expression : « tiré par un mauvais Pah » devenue « tiré d’un mauvais Pah ».
Mais revenons à notre petit né de l’union d’une Papoue et d’un petit papa Pah. Alors qu’il venait de fêter sa troisième année, son village fut massacré par des chercheurs d’or sans scrupules. Il fut le seul survivant, devant son salut à une association humanitaire américaine.
Il a été adopté clandestinement pas une famille américaine de l’Ohio. Étrangement, échappant aux règles de la génétique ce petit Pah Papou est devenu grand et costaud. Il a fait de brillantes études, est devenu pilote de chasse et a participé à la guerre de Corée.
Vous
aurez certainement remarqué, que ce peuple, pourtant inconnu de tous,
continue de vivre en nous, dans notre langage à travers les expressions
qu’il nous a transmises.
Eh
bien, notre petit Pah Papou, a largement fait honneur à son peuple avec
une phrase célèbre, mondialement connue, et qui traversera les temps et
qu’il a prononcé le 21 juillet 1969 à 2 h 56 minutes.
« C’est un petit Pah pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité. »
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