La petite fille du Mont-Saint-Michel, lors d’une de ses nombreuses escapades, s’était retrouvée face à un vieil artiste peintre qui logeait dans une minuscule cabane de bois.

Malgré son jeune âge, elle était dotée d’une grande sensibilité et d’un caractère bien trempé. Le vieil homme, un peu bougon, l’avait dans un premier temps chassée de son atelier. Mais au fil des jours et des visites, mais aussi des gâteaux volés qu’elle lui apportait, il avait fini par s’attendrir. Il acceptait alors qu’elle le regarde peindre ce magnifique paysage, qui au gré des marées, de la météo, des nuages, du vent et des saisons, se renouvelait sans arrêt.

Une complicité silencieuse s’était installée entre les deux êtres, emplis de respect et de tendresse. Les journées s’égrenaient sans jamais que l’ennui n’apparaisse.

Un jour, le vieil homme fit quelque chose d’inédit. Lui qui ne peignait que la nature sans jamais y intégrer âme humaine, avait dessiné, sur son dernier tableau, une frêle silhouette qui se détachait au loin sur l’horizon. Facilement reconnaissable par sa petite taille et son élégance.

Ce tableau était magnifique, un des plus beaux jamais réalisé. La puissance du sentiment qui s’en dégageait était telle, que ceux qui le contemplaient avaient les larmes qui leur venaient aux yeux.

Le lendemain, la cabane était vide, les dizaines de toiles avaient disparu. Seule, la dernière œuvre sur un chevalet, posée au milieu de la pièce, était présente.

C’était son cadeau d’adieu à la petite fille. Elle le gardera toute sa vie. Elle n’avait jamais revu son mystérieux créateur dont elle ne connaissait pas le nom, mais dont elle conservera le souvenir précis à jamais en mémoire.