La rumeur

Les ateliers Cogito se déroulent tous les 3° jeudi du mois à 18h15, à l’ES Art Factory, 5 rue du Général Vincent à Montpellier.
J'y aborde à chaque fois une reflexion sur un thème différent, sociétale, philosophique ou symbolique.
Des échanges, sous la forme de causeries libres et respecteuses font suite à mon intervention.
Entrée libre avec participation au chapeau.
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Les textes de chaque Cogito ainsi que les Podcasts sont ensuite publiés sur mon site.
Partage libre et encouragé à condition de citer la source.

Scapin et Crispin par Honoré Daumier
Scapin et Crispin par Honoré Daumier

"Bruit sur la table avec les doigts" !

Savez-vous ce que c’est ? Un bruit qui court ! He bien justement, le mot rumeur vient du latin « rumor » qui signifie « bruit vague », bruit qui court.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais on m’a dit qu’il y aurait ce soir à la Factory  un exposé sur la rumeur ? Il parait que l’orateur va nous y faire des révélations fracassantes et croustillantes sur monde littéraire Montpelliérain. Sur les turpitudes de tous ces auteurs et autrices aux mœurs douteuses.

Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais Marc et Françoise sont bien souvent ensemble. Cela ne m’étonnerait pas qu’ils fricotent ensemble tous les deux. Tu crois que son mari se doute de quelque chose ? Quand même, lui qui est si gentil ! Et les enfants !

Surtout ne le répète pas, ce que je te dis c’est sous le sceau du secret. Je tiens de source sûre que par le passé Léonard a eu affaire avec la justice. Il aurait été condamné pour des faillites frauduleuses. Je comprends maintenant pourquoi il a quitté sa région pour rejoindre Montpellier.


Alors pourquoi réfléchir sur la rumeur ? Parce qu’elle est ignoble et qu’elle nous a tous affecté un jour ou l’autre. Parce qu’elle est en totale contradiction avec nos valeurs.

Les origines d'une rumeur sont multiples. Volontaire et donc issue de la malveillance ou de la vengeance, issue d'un quiproquo, issue de la bêtise, issue d'un malentendu (un mal entendu, en deux mots !), issue de préjugés et parfois aussi de canulars.

L'on pourrait se dire que le quiproquo et le malentendu sont excusables, et que les origines volontaires de la rumeur sont inacceptables. Mais ceux qui ont mal entendu, mal compris, mal vu ou mal lu, se sont abstenus de demander des précisions et puis, comme les autres, ils ont, eux aussi, participé à propager la rumeur. Alors pas d’excuses.

Il existe un certain nombre d'expressions que je trouve tout simplement horribles, comme :

  • Il n'y a pas de fumée sans feu. Cette expression est terrible, dites n'importe quoi, déversez votre fiel et il en restera toujours quelque chose.

Heureusement, la sagesse populaire dit aussi :

  • Si vous voulez tuer votre chien, dites qu'il a la rage. L’on avoue ici être au courant du processus pernicieux de la rumeur, et donc de son origine fallacieuse.

Mais au fond, la rumeur c'est quoi ? Dans rumeur, il y a rue et meure. C'est le meurtre de la rue. C'est la vox populi dans ce qu'elle a de plus abjecte et qui se transforme en un lynchage médiatique. L’on pourrait se dire que c’est un moindre mal, car dans notre société moderne, les exécutions sommaires n’existent plus. Sauf que la rumeur est parfois si insupportable qu’elle en accule certains au suicide. Rumeur rime alors avec tumeur.

Parce que ma femme a été vue sortant d’une maison de retraite ou elle était bénévole, en compagnie d’un vieux, la rumeur la transformée en jeune femme infidèle se tapant des vieux. Lorsque cette rumeur vous revient, ce qui arrive un jour ou l’autre, il faut avoir un mental solide [SIC OFF].

La critique des autres et les ragots c'est l'apanage de ceux qui n'ont rien d'autre à faire de leur misérable vie.

Il parait que, j'ai entendu que, de source sûre (la cousine du beau frère de la sœur de ma coiffeuse....), savez vous que... chacun y va de son commentaire, avec sa propre interprétation, son petit ajout, sa petite omission, son petit arrangement avec la vérité, de ce qu'il imagine être la vérité, de quelque chose qu'il n'a ni vu ni entendu.

La rumeur est perfide, insidieuse, malsaine. Elle s’infiltre comme un gaz mortel, en passant sous les portes et par le moindre interstice, c'est-à-dire à travers les immondices des conduits auditifs d’oreilles complaisantes.

La rumeur est pernicieuse, car elle incorpore souvent de bribes de faits réels afin de paraître plus authentique.

Alors, comment éviter de participer a la rumeur ?
Comment s’en prémunir ?
Comment la stopper ? 
Est ce possible ?

A titre personnel, je dirai que le silence, c'est ce qu'il y a de mieux. Se taire, tenir sa langue, ne pas participer à la propagation du virus. Dans le doute, abstient toi de parler. Si deux personnes sont au courant d'un secret, c'est une de trop. Le secret risque de s'ébruiter, de s'échapper, de devenir incontrôlable, de mener sa propre vie.

Quand j’ai face à moi un « con vecteur », c'est-à-dire quelqu’un (un vecteur) qui propage une rumeur, j'essaie de faire preuve de calme. J'écoute en laissant mes deux oreilles bien ouvertes, pour faire en sorte que la rumeur sorte de l'autre côté le plus rapidement possible. Les mauvaises langues diront que c'est simple puisqu'il n'y a rien entre.

Pas facile ensuite de taire sa langue, de ne pas participer au bruit, de ne pas faire l'intéressant, de ne pas faire celui qui est au courant, qui sait de source sûre et certaine la plus proche.

Pas facile d'être un surhomme. Disant cela doit-on être tolérant face a celui qui est à l'origine d'une rumeur ? Ma réponse sous forme de ni oui, ni non pourrait se faire selon l'âge du protagoniste et de ses antécédents. A un enfant, et pourquoi pas a un jeune adulte, l'on va excuser beaucoup de choses. Face à un adulte expérimenté, Maître de soi, et avec des antécédents. Non, il n'y a pas de tolérance.

Quel meilleur rempart à la rumeur ? Ne pas l’écouter, couper court lorsque vous vous rendez-compte (l’on a pas tous les jours la vivacité d’esprit pour le faire) que votre interlocuteur est en train de propager une rumeur. Autrement, se taire, ou parler directement à la personne incriminée, afin, à minima de l’informer de la rumeur à son encontre. Affronter plutôt que fuir une vérité qui dérangerait le côté narcissique de la rumeur.

Lorsque l'on est l'objet d'une rumeur, quel dilemme que d'être obligé de se taire, choisir de se taire pour faire face à la rumeur pour éviter de l'alimenter encore plus. Mais se taire, c'est aussi leur donner du grain à moudre, puisque rien ne les n'arrête et que votre non-dit va finalement les alimenter.

Qui ne dit mot consent… Quel horreur !

Aujourd’hui, l’on parle de fake news, de légendes urbaines et de désinformation. Par le passé de téléphone arabe. Ces processus ont été analysés et décortiqués par des sociologues.

Un peu de wikipédia sur les mécanismes de la rumeur :

Les psychologues Allport & Postman, abordant l'étude des bases psychologiques des rumeurs, ont défini en 1947 trois processus complémentaires :

processus de réduction : le message initial est simplifié. Sur un message comprenant 100 détails, seulement 70 sont conservés à la première retransmission, 54 à la deuxième, etc. jusqu'à 36 à la cinquième version. Ce phénomène d'oubli peut se poursuivre de telle sorte à transformer le message en slogan.
processus d'accentuation : les personnes retiennent préférentiellement certains détails ou même ajoutent des explications au récit afin d'en renforcer la cohérence ou l'impact.
processus d'assimilation : les personnes s'approprient le message en fonction de leurs valeurs, croyances ou émotions. Ce phénomène de sélection est à l'origine de la déformation de la rumeur.

La médiatisation de cette rumeur se réalise grâce à un processus mettant en jeu trois phénomènes : l'implication d'identification personnelle (la rumeur concerne directement la personne ou le groupe), de valorisation de l'enjeu (la rumeur est importante) et de capacité d'action (la personne peut agir sur cette rumeur).

La majorité des rumeurs sont produites spontanément et ne sont pas le fruit d'un complot mais d'un mensonge ou de « paroles en l'air » dont un groupe ou une société se saisit, pour diverses raisons, et l'amplifient ainsi. Il semble que le besoin de « partir en croisade » conduit certaines personnes à s'emparer de rumeurs et à les propager afin de se donner une importance, un rôle social dont elles seraient habituellement dépourvues (on a vu des champions du monde lors de la pandémie…). La rumeur offre parfois une explication simplifiée et rassurante de certains problèmes de société, expliquant ainsi son succès. Ces explications se limitent souvent à la désignation d'un responsable (ou plutôt d'un bouc émissaire), avec une « raison » fausse mais que, pour cause de préjugés, on a envie de croire [moi j’vous l’dit c’est la faute aux…].

La rumeur peut également faire partie des techniques de manipulation dans le cadre du harcèlement moral, naturellement puni par la loi. Les rumeurs peuvent être lancées par une seule personne, ou par des groupes dans le cas du harcèlement en réseau.

Fin du wikipédia.

Pour contrer une rumeur, il faut avant tout faire preuve de pédagogie. Faire comprendre aux vecteurs qu’une information doit être vérifiée (c’est la base du journalisme). Avec l’internet, la vitesse de propagation d’une rumeur atteint une vitesse affolante. D’autant plus que la rumeur se voit dotée d’images, souvent détournées, et qui semblent l’accréditer. On doit faire preuve de circonspection avant de partager un message et en cas de doute, utiliser une plateforme comme http://www.hoaxbuster.com/ par exemple.

Il y a pourtant une rumeur que j'aime, c'est celle de la ville, de son ronron matinal, son ronron nocturne. Ce bruit particulier que l'on trouve dans les métropoles. Cette rumeur, elle, n'est pas dangereuse, pour l'entendre il suffit d'ouvrir ses oreilles et son cœur, de s'ouvrir à la poésie du matin ou du soir.

Quelques citations :

Dans un monde où l'information est une arme et où elle constitue même le code de la vie, la rumeur agit comme un virus, le pire de tous car il détruit les défenses immunitaires de sa victime. [Jacques Attali].

Elle est sale, elle est glauque et grise, insidieuse et sournoise, d'autant plus meurtrière qu'elle est impalpable. On ne peut pas l'étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l'anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C'est la rumeur. [Pierre Desproges].

Moi, je dis qu'il existe une société secrète avec des ramifications dans le monde entier, qui complote pour répandre la rumeur qu'il existe un complot universel. [Umberto Eco].

J’ai dit.


Notes :

La Guerre des mondes (radio, 1938) écrite et racontée par Orson Welles, adaptée du roman du même nom de l'écrivain H. G. Wells. La mémoire collective a retenu que l'émission aurait causé un vent de panique à travers les États-Unis, des dizaines de milliers d'auditeurs croyant qu'il s'agissait d'un bulletin d'informations et qu'une attaque extraterrestre était en cours. Mais il s'agit d'une légende forgée par les journaux de l'époque et encore davantage exagérée au fil du temps.

Scapin et Crispin

Crispin est un des plus célèbres personnages de théâtre des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est tantôt un maître fourbe, tantôt un valet rusé, âpre au gain, de la veine des Scapin et des Gros-René, dévoué et flatteur, suivant les gages, et par surcroît escroc et fourbe.

Scapin (Scappino pour son équivalent italien) est un personnage de comédie. L’un des types principaux du valet bouffon de la comédie française, il est comme le trait d’union, dans cet emploi, entre les farces françaises du XVIIe siècle et la comédie italienne improvisée.

Sous sa forme française, Scapin apparaît pour la première fois sur le théâtre comme personnage principal de la pièce de Molière, Les Fourberies de Scapin. Il y est le valet de Léandre. Doté d’une incroyable intelligence, il effectue de nombreuses fourberies. Il est souvent appelé par Octave et Léandre pour résoudre des problèmes. Il aime bien tromper Argante et Géronte. On découvre, au fil de la pièce, que Scapin est certes un fourbe mais aussi un homme avide de vengeance, qui a en effet passé trois ans dans une galère avant l’histoire des Fourberies de Scapin.

Bibliographie :

Edgar Morin, La rumeur d’Orléans, 1969, rééd. Seuil, coll. "Points essais", 1982.

Dans ce livre, le sociologue E. Morin met au jour, au prix d'une longue enquête de terrain, les mécanismes et leurs composantes (fantasmes, mythes, obsessions, angoisses) qui concourent à l'émergence et à la diffusion de la rumeur. En l'occurrence, la « rumeur d'Orléans », apparue dans les années 1960, laissait entendre que les cabines d'essayage de plusieurs magasins de lingerie féminine d'Orléans, tenus par des juifs, étaient en fait des pièges pour les clientes. Certaines d'entre elles y auraient été endormies avec des seringues et enlevées pour être livrées à un réseau de prostitution.

Françoise Reumaux (dir.), Les oies du Capitole ou les raisons de la rumeur,  CNRS, 1999.

Au carrefour d'approches multiples (philosophie, droit, sociologie, psychologie, histoire), ce recueil de textes brefs interroge la rumeur comme phénomène social total. Puisant dans les matériaux les plus divers, les auteurs analysent la rumeur en référence à de multiples catégories : mémoire, mouvement social, communication, mythe, hystérie, autant d'entrées complémentaires.

Jean-Bruno Renard, Rumeurs et Légendes urbaines, Puf, "Que sais-je?", 1999.

Ce "Que sais-je ?" bien documenté montre notamment que bon nombre de rumeurs contemporaines possèdent des analogues anciens dans les fables et légendes, les contes orientaux et ceux de la Renaissance. On découvre par exemple que les « techno-peurs » (rumeurs sur les dangers des innovations technologiques) étaient déjà présentes dans l'imaginaire du siècle dernier. A noter : un chapitre intéressant sur l'état des recherches internationales sur le sujet. Il constitue une synthèse utile sur le phénomène des rumeurs.

Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard, De source sûre : nouvelles rumeurs d’aujourd’hui, Payot, 2002.

De la violence urbaine aux paniques alimentaires, en passant par les techno-peurs, la sexualité, la nature sauvage, ou encore Internet, Véronique Campion-Vincent, ingénieur au CNRS, et Jean-Bruno Renard, professeur de sociologie à l'université Paul-Valéry de Montpellier listent les "légendes urbaines" qui font florès aujourd'hui. Leur identification permet selon eux de mieux cerner les peurs et les aspirations de la société française contemporaine.

Pascal Froissart, La Rumeur. Histoire et fantasmes, Belin, 2002, réed. 2011.

Chercheur en sciences de l'information et de la communication, Pascal Froissart s'est spécialisé dans l'étude des rumeurs. Dans ce livre, il analyse méticuleusement toutes les approches de la rumeur et démonte la prétention de certains à vouloir édifier une "science de la rumeur", le phénomène lui paraissant trop volatile pour être enfermé dans un cadre théorique rigide. L'auteur montre aussi comment les nouveaux médias, notamment Internet, donnent une nouvelle vigueur aux phénomènes de rumeur. 

Philippe Aldrin, Sociologie politique des rumeurs , Puf, 2005.

Il s'agit de l'un des très rares ouvrages qui traite de la rumeur en politique. S'appuyant sur une sociologie compréhensive des rumeurs, Philippe Aldrin montre que ces dernières ne sont pas seulement le symptôme d'un dérèglement de la communication. Elles ont une fonction sociale. Qu'on y croit ou qu'on la conteste, la rumeur ne se propage que parce qu'elle est discutée par une communauté.  Elle rappelle ainsi à l'individu son appartenance à un groupe qui partage les mêmes ragots. La diffusion de fausses informations permet aussi de tester l'opinion à moindres frais. 

Gérald Bronner, Vie et mort des croyances collectives, Hermann, 2006.

S'appuyant sur une série de questionnaires et d'entretiens à propos de croyances contemporaines très diverses (rumeur sur la disparition des cadavres dans le 13e arrondissement de Paris, abandon de la croyance au Père Noël, etc.), le sociologue Gérald Bronner décortique la façon dont on en vient à adopter ou à abandonner une croyance.   Il montre ainsi que, petit à petit, chacun de nous peut se mettre à croire des choses saugrenues ou aberrantes sans s'en rendre compte.

Fabrice Clément, Les Mécanismes de la crédulité, Droz, 2006.

Fabrice Clément, chercheur en sciences cognitives à l'université de Lausanne, tente d'apporter une explication "naturaliste" à la crédulité. Selon lui, la plupart des croyances qui nous sont transmises par autrui sont soumises à deux filtres mentaux : l'un cognitif, l'autre émotionnel. Le filtre cognitif est celui du "sens critique", le filtre émotionnel fait le tri entre ce qui est désirable ou non. La crédulité résulterait ainsi d'une transaction entre le rationnel et l'émotionnel.

Antoine Garapon et Denis Salas, Les Nouvelles Sorcières de Salem. Leçons d’Outreau, Seuil, 2006. 

Penseurs de la justice, Antoine Garapo, et Denis Salas montrent dans cet essai brillant que l’idée que l’on a d’un « crime » n’est pas neutre : le crime révèle l’atteinte à ce qu’il y a de sacré dans une société. L'affaire d'Outreau, qui rappelle l'affaire des sorcières de Salem (Massachusetts, 1692), semble emblématique de ce phénomène: la peur obsessionnelle du crime sur un enfant provoque la sacralisation de la parole de la victime, la montée de la rumeur, les accusations sans preuves, la haine collective vis-à-vis de l’agresseur supposé, et au final de tragiques erreurs judiciaires.

Julien Bonhomme, Les Voleurs de sexe. Anthropologie d’une rumeur africaine, Seuil, 2009.

Depuis les années 1970, une folle rumeur se répand dans toute l'Afrique de l'Ouest : dans la rue, des individus déroberaient le sexe de certains passants. Dans la plupart des cas, ces voleurs d'un nouveau genre sont des "étrangers". Accusés de sorcellerie, ils se retrouvent parfois lynchés jusqu'à la mort. Dans cette belle enquête, l'anthropologue Julien Bonhomme dévoile les mécanismes - à la fois anthropologiques et médiatiques - de propagation d'une rumeur, dans une Afrique dont les normes culturelles tendent à se standardiser. Selon lui, "l'enjeu plus général des affaires de vols de sexe, c'est comment on étudie une rumeur en anthropologie?"


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