Bientôt la fin des associations culturelles et solidaires ?

Je me suis personnellement et récemment engagé (membre du CA) dans une association solidaire qui lutte depuis 30 ans contre la précarité.

Fin décembre, ne voyant pas venir de réponse du département de l'Hérault quant à sa subvention, et à force d'interroger nos interlocuteurs, nous (l'association) avons été informé que les subventions de très nombreuses associations ("suppression de dépenses non obligatoires et des subventions") seraient supprimées... Cette subvention représentant 51 % de notre budget, et si nous ne trouvons pas de solution d'ici le mois de juin, les deux salariés vont se retrouver au chômage et les nombreuse personnes (≈ 2.000 / ans) reçues et aidées ne le seront plus.

Faut-il rappeler aux biens pensants, rapides à dégainer leurs opinions radicales et haineuses contre les "chômeurs qui feraient mieux de retrouver du travail", que les associations sont présentes pour pallier aux carences, bien réelles, de l'état.

Carences dans les domaines de :

  • la recherche d'emploi, 
  • de l'alimentation,
  • de la santé,
  • de l'exclusion,
  • du logement,
  • de l'environnement,
  • de l'aide aux précaires,
  • du soutien psychologique,
  • de l'accompagnement,
  • de la formation...

Faut-il le rappeler, les chômeurs et précaires ne sont pas que des chiffres !

Nous avons alerté, depuis plusieurs semaines, les élus locaux, départementaux, de la Métropole (Me Clara Gimenez, Vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, Déléguée à la Politique de la Ville et Cohésion sociale, Conseillère municipale de Montpellier), de la ville ainsi que M. Jean-Louis Roumégas, député de la 1re circonscription de l'Hérault. Plusieurs sont venus dans les locaux de l'association pour nous écouter. Un grand merci à eux pour leur écoute et leurs conseils. Nous avons également et récemment alerté le préfet.

Plusieurs articles de presse sont parus, dans le Midi Libre, La Gazette de Montpellier, La Marseillaise et un reportage de France 3 a été diffusé aux infos régionales.

Et d'autres articles connexes comme :

A noter que nous avons bien pris soin dans notre communication, à ne pas incriminer directement le département, et que nous tenons le gouvernement responsable de la situation avec d'un coté la baisse des dotations de l'état et de l'autre une hausse de leurs dépenses obligatoires.

Or, le 28 janvier nous apprenons par un article de Libération que les associations œuvrant dans le secteur culturel vont subir le même sort (il se trouve que je suis également impliqué dans le monde culturel).

C'est un séisme magnitude 9 dans le monde associatif !

Les associations loi 1901 jouent un rôle clé dans l'intégration sociale, le développement de la citoyenneté, et la dynamisation des territoires. Leur impact économique, bien que souvent sous-estimé, est réel et elles représentent une part non négligeable de l’emploi salarié. Les festivals et manifestations culturels, congrès, colloques et séminaires organisés par le monde associatif drainent ne nombreux touristes qui contribuent largement à l'économie locale.

Bien que de nombreuses associations fonctionnent sur le bénévolat, certaines d'entre elles, notamment dans les secteurs social, médical, et culturel, emploient des salariés. En 2021, on estimait qu'environ 10% de l’emploi salarié privé provenait du secteur associatif en France, ce qui représente des centaines de milliers d'emplois directs et indirects.

Dans certaines régions, notamment les zones rurales, les associations jouent un rôle de premier plan dans l'animation locale et la vie économique. Elles contribuent au dynamisme des territoires en organisant des événements, en proposant des services ou des activités qui permettent de maintenir un certain niveau de vie sociale et culturelle.

Les associations participent activement à l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce modèle économique repose sur des principes de solidarité, d’utilité sociale, et de réinvestissement des excédents au service du projet collectif. Les associations jouent un rôle majeur dans cette dynamique en proposant des solutions alternatives et innovantes aux problématiques sociales.

Les associations ont souvent un rôle crucial lors de situations de crises économiques, sociales, ou sanitaires. Par exemple, pendant la crise du Covid-19, elles se sont rapidement mobilisées pour distribuer des vivres, offrir des services de soutien, ou encore proposer des dispositifs d’aide psychologique. Elles ont démontré leur capacité d’adaptation et leur réactivité, en soulageant les systèmes de santé et les institutions publiques, souvent débordés.

A vouloir faire des économies, au final, le gouvernement va aggraver la situation. Mais peut-être est-ce là le but recherché ? Cela fait des années que les technocrates au pouvoir ont le rêve de supprimer les départements. En les rendant exsangues, ils pourront ensuite prendre à témoins les Français concernant l'incapacité des départements pour enfin réaliser leur rêve. Cela risque alors de sonner le glas du RAS ?!

Je terminerai cet article par un bémol concernant la méthode utilisée par le département de l'Hérault et son président M. Kléber Mesquida. Je ne doute pas que sa méthode, il est élu socialiste, a pour but de faire remonter vers le gouvernement et les élus nationaux le mécontentement des citoyens et des associations, dans l'espoir de voir les dotations des départements revues à la hausse. Il pourra lors revoir sa position envers le monde associatif et réallouer les subventions.

Ma peur concerne les départements tenus par des élus de droite (et peut-être d'extrème droite d'ici 2028) qui peuvent maintenant dire : un élu socialiste la fait, nous avons donc un blanc seing pour le faire sans risque politique...

Ajout du 1 février 2025

Nous dénonçons et alertons depuis plusieurs semaines déjà sur la suppression des subventions faite aux associations solidaires dans l'Hérault. Nous remercions chaleureusement la presse et les élus qui se sont alors saisis du problème. Mais comment ne pas voir aujourd'hui, à l'annonce de la suppression des subventions aux associations culturelles, une différence flagrante du traitement de l'information et du ressenti dans la population. 

A titre personnel, je suis indigné, à la fois par le sort fait aux associations solidaires et par celui fait aux associations culturelles.

Mais je suis indigné, outré, révolté, scandalisé par ceux qui se sont tus concernant la solidarité, leur silence a été assourdissant. Où étaient-ils ? Ils ont bon dos de montrer aujourd'hui leur réprobation et de monter au créneau, car toucher à la culture, c'est toucher à leurs loisirs et à leur art de vivre. Leurs cris d'orfraie sont pathétiques !