Je m’appelle François TEIHLIM et je m’approche des 80 ans. Je suis écrivain, auteur de nouvelles, et ma foi, je peux dire que j’ai connu une certaine notoriété. J’ai été publié en France, mais aussi traduit dans d’autres langues. Et, chose assez rare, j’ai pu vivre très confortablement de mon métier.

Cela fait maintenant presque trois ans que je n’ai pas écrit et beaucoup de choses ont changé durant cette période. Surtout ma personnalité. Je ne suis plus imbu de moi même, je ne suis plus tyrannique, je suis devenu gentil et aimable avec les autres. Ma grossièreté légendaire a disparu, et, je dois le dire, tout cela au plus grand soulagement de mon entourage.

Je ressens aujourd’hui le besoin de me confesser. Je n’aurais jamais cru cela possible de ma part, car je dois avouer que c’est avec un certain cynisme que j’ai exercé ma profession et aussi mon caractère. C’est peut-être à cause d’une certaine échéance que je vois poindre. Je suis, comme le disent si gentiment les médecins, atteint d’une maladie longue et incurable.

L’on peut donc considérer ce texte comme une confession.

Je ressens aujourd’hui le besoin d’adresser à tous ceux qui m’ont approché un jour ou l’autre, que ce soit professionnellement ou dans ma vie privée, ainsi qu’à tous mes lecteurs, mes sincères excuses pour tout ce que je leur ai fait subir pendant de nombreuses années. J’ai été un être abject, immonde, d’un égocentrisme poussé à l’extrême.

Je pense que l’approche de la mort, comme ce fut le cas pour de nombreuses personnes avant moi, déclenche un processus qui ébranle la personnalité au plus profond d’elle même.

L’on parvient alors à une sorte de lucidité sur soi-même, mais aussi sur les autres et le reste du monde.

C’est à la fois quelque chose de formidable, car on a l’impression de toucher à la vérité divine. Mais ce qui est affreux c’est lorsque, comme moi, on regarde dans son passé et que l’on se rend compte de tout le mal que l’on a fait subir aux autres…

Je pense particulièrement à Bertrand Pavot, à qui j’ai fait subir le pire des outrages. Vous êtes nombreux à avoir en mémoire la célèbre émission TV littéraire animée par ce grand critique.

À l’époque, je ne l’aimais pas, et j’étais bien décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce. L’affrontement que nous avions eu en direct, très violent, était resté dans les annales de la télévision.

Mais, cher lecteur, si vous croyez que le pire a été atteint, accrochez-vous, j’ai fait bien plus rigolo et retors. Une blague, un canular dont, j’en suis certain, je rigolerai encore dans ma tombe : Faire croire à une bande d’enfoirés de première, putain de vous tous en train de me lire, vous qui m’avez traîné dans la bouse, que j’allais me dédire !

Je vous ai tous vus, au début de cette lecture, faire preuve d’empathie, et presque écraser une larme, alors que vous m’avez tous traîné plus bas que terre. Incapables d’assumer vos logorrhées.

Vous ne pensiez tout de même pas, bande de nases, que j’avais réellement changé au seuil de d’une mort que j’emmerde et à qui je fais un bras d’honneur !

Bande de trous du cul !